Les garçons ont-ils besoin de manger plus que les filles ?

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Sur quelles croyances l’idée reçue selon laquelle les garçons auraient besoin de manger davantage que les filles repose-t-elle ?

Les garçons se dépenseraient davantage, et donc pour faire le plein d’énergie ils auraient besoin de beaucoup de nourriture (ou du moins, plus que les filles). Cette croyance est entretenue par le stéréotype de genre qui suggère que les garçons déborderaient de vitalité, auraient beaucoup d’énergie à dépenser, et accompliraient constamment des prouesses physiques. Quid des garçons calmes et discrets ? L’histoire ne le dit pas… Évidemment, tous les garçons ne sont pas de grands sportifs, de la même manière que toutes les filles ne sont pas chétives. Les stéréotypes de genre sont justement un ensemble de croyances infondées selon lesquelles certains comportements ou certains traits de personnalité seraient naturellement spécifiques aux filles ou aux garçons.  

Si l’on suit ce stéréotype on va donc avoir tendance à nourrir davantage les garçons, pensant qu’ils ont besoin de plus d’énergie pour accomplir des activités physiques. En parallèle, les petites filles sont, quant à elles, encouragées à se contenir, à être discrètes, à ne pas se dépenser (les filles ça ne transpirent pas), à ne pas prendre la place (regardez les cours de récréation, les city stades, les skate park…). Et en même temps… pas simple de tirer dans un ballon ou de courir vite avec des sandales et une jupe longue…( bon, je m’égare mais la question des vêtements est aussi au coeur de cet enjeu, sur la mobilité des corps des enfants et la façon dont les vêtements peuvent façonner leurs pratiques).. A cela s’ajoute le fait que très tôt les jeunes filles vont intégrer qu’être fine est valorisé. Elles avalent et gobent ces injonctions à la minceur qu’elles rencontrent à longueur de journée (pub, médias, « summer body », régime…) et font la fine bouche devant leur plat à la cantine. D’un côté les petits garçons mangent à leur faim, de l’autre les petites filles sont culpabilisées. 

Ces mécanismes de genre s’invitent jusque dans nos assiettes et ce dès l’enfance. C’est tout un arsenal de stéréotypes très puissants qui s’instaurent dès le plus jeune âge créant des complexes, provoquant des réflexes de privation (ou des troubles du comportement alimentaire), façonnant différemment les filles et les garçons dans leur rapport à la nourriture et au corps (l’anorexie concerne essentiellement les adolescentes). 

Ces mécanismes sont pourtant caduques car en termes d’apport énergétique, surtout en pleine croissance lorsqu’on est enfant/ado, l’alimentation ne devrait pas être genrée : on ne mange pas différemment selon son sexe. Pour des gabarits similaires (taille, poids), les mêmes quantités de nourriture sont recommandées. Le facteur de l’activité physique est aussi à prendre en considération mais les enfants devraient pouvoir pratiquer les mêmes activités dans la cour de récréation… Donc il n’y a pas vraiment de raison légitime de gaver davantage les petits garçons au détriment des petites filles…