Comment le genre s’immisce-t-il dans l’éducation sentimentale des enfants ?

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Les petites filles et les petits garçons ne sont pas éduqué.es à la même enseigne vis à vis des émotions. La pop culture construit un imaginaire autour de l’amour qui est biaisé et stéréotypé. 

Les petites filles sont encouragées à parler d’amour, de sentiments amoureux et de notions de couple car elles sont baignées dans cet imaginaire tôt : dans leurs dessins animés, séries, histoires…

A contrario, c’est rarement un sujet central dans les histoires qui s’adressent aux garçons. Très tôt les garçons intègrent que l’amour c’est un truc de filles qui ne colle pas vraiment avec l’image de la virilité, mieux vaut ne pas trop s’intéresser aux émotions…

Ainsi les rôles modèles qui sont proposés aux petites filles sont souvent caricaturaux et peu diversifiés. On y retrouve celle qui attend et qui représente la passivité. Elle attend le Prince Charmant, elle attend d’être invitée, c’est elle qui doit se faire séduire, être charmée, à qui l’on paye le restaurant lors des rendez-vous…

Celle qui ne pense qu’à l’amour avec un grand A et qui représente l’obsession. Elle ne pense qu’aux garçons (car c’est souvent le modèle hétérosexuel qui l’emporte dans la pop culture), elle régit sa vie en fonction de sa quête d’un petit-copain, elle vit très mal le célibat et a ce  besoin vicéral d’exister à travers le regard d’un garçon.

Celle qui fait du drame et qui se dénigre. Elle pleure beaucoup, pense qu’elle est nulle si un garçon ne veut plus d’elle, calcule sa valeur en fonction de la réussite de sa vie amoureuse, sa confiance en elle réside dans le fait d’être en couple

Alors OUI, une rupture amoureuse peut être dévastatrice émotionnellement, mais la valeur d’une personne ne devrait pas se réduire à son apparence physique, à sa capacité à plaire à un partenaire, ou à son implication/son engagement dans une relation

Très tôt du côté des filles, outre le fait de vouloir vivre une histoire d’amour, l’objectif va être de devoir plaire à un garçon. Et très vite cela va prendre beaucoup de place et venir influencer leurs comportements : une fille doit toujours être à l’affût, être discrète pour ne pas être trop impressionnante ou trop intelligente, être délicate, se faire belle, correspondre aux canons de beauté pour ne pas risquer de manquer sa chance/ de ne pas être remarquée/ de se faire piquer son crush par une autre fille avec qui elle est potentiellement en compétition.

Baignant dans tout cet imaginaire romantique, les femmes vont davantage s’oublier dans le couple, et donc avoir moins de place mentale pour soi, une carrière, d’autres projets… Tout cela se fait inconsciemment.

Et du côté des garçons, quels rôles sont donnés à voir ?

On remarque un véritable déni de tout ce qui va toucher à la vie affective et aux émotions, on associe ce domaine aux filles comme on trouve ça ridicule et nul, on dévalorise en même temps ce qui s’apparente au féminin.

On retrouve donc celui qui ne doit pas s’y intéresser. L’aquoi ? L’amour ? Bof, il est davantage intéressé par le sport ou une mission imaginaire pour sauver le monde, aller dans une autre galaxie, vaincre des pirates…

Celui qui joue le bad boy. C’est le Don juan séducteur, à qui tout lui est dû, il part du principe que les filles sont des récompenses, qu’il peut agir égoïstement, sans répercussion, il ne fait preuve d’aucune empathie, peut avoir des comportements violents. 

Il est rare de trouver dans la pop culture des modèles valorisés de jeunes hommes bienveillants, empathiques et sensibles qui n’hésitent pas à parler de leurs émotions, voire même à être triste à cause d’un chagrin d’amour ou d’une histoire qui ne se déroule pas comme prévu. 

Quel bilan genré ?

On conditionne et enferme les enfants dans des rôles et des comportements affectifs qui ne sont pas innés mais construits socialement et appris : l’amour et la vie affective ne sont pas donnés à voir de la même manière aux filles et aux garçons.

On inculque des conceptions et des attentes différenciées vis à vis d’une relation amoureuse, mettant cet objectif au centre de la vie des petites filles, en périphérie pour les petits garçons.